La tradition des aguignettes |
par Daniel Bourdelès
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un lapin en aguignette
Noël et les rois
(extraits d'un article de Fernand Lechanteur de janvier 1954, par le
groupe Prêchi Normaund)
Une cinquantaine d'années (donc une centaine maintenant) ont passé sur les derniers échos des "aguignettes" : Les enfants, dans la soirée du 31 décembre, parcouraient villes et villages en chantant et en demandant des aguignettes, c'est-à-dire des petits présents. A Guernesey, on chantait : Oguignanô, oguignanô Ouvre ta porte et pis la r'cllos ! Au XVIIème siècle, à Caen, on chantait : Si vous venez à la dépense A la dépense de chez nous, Vous y mangerez de bons choux Oquinano Les chants de cette période ne sont pas très clairs. Tels les chants qui accompagnaient la procession aux chandelles, dites "couleinnes" ou "colinettes". Ces torches de paille accompagnaient autrefois une quête de maison en maison pour les aguignettes, mais elles étaient surtout partie intégrante d'une sorte de rite d'exorcisme dit "coulines vaulot". Les gens circulaient à travers les clos en brandissant ces torches afin de chasser les bêtes malfaisantes et d'écarter tous les ennemis des cultures, animaux ou végétaux. Adieu Noué, Il est passé Taôpes et mulots Sortaez de men cllos Ou je vous casse les os Barbassionné Si tu vyins dauns men cllos J'te brûlerai la barbe et les os ! Pipe au pommier Guerbe ou boissé Men père beit byin Ma mère co muus Men père à guichonnaée Ma Mère à terrinaée Et mei à caôdronnaée Dans bon nombre de communes, cette cérémonie se célébrait le premier dimanche de Carême appelé parfois dimanche des "Tâopinettes" (à Agon par exemple) à cause de cette malédiction jetée aux ordes bêtes qui dévastaient les cultures et amenaient souvent des années de " mal-âot ". La fête des Rois, en Normandie était la grande fête chômée, la seule fête où les domestiques rejoignaient leur famille, le bissac bien rempli par les employeurs de mangeailles variées. C'était une des rares fêtes "à chai". Les fermiers offraient une galette gigantesque en venant payer le terme de Noué à leur propriétaire qui, lui, se devait de leur offrir une bonne collation. Dans toutes les familles, on découpait la galette dont les morceaux étaient tirés au sort sous "le doubli" au moyen de cette mystérieuse formule : "Phébé domine, pour qui ?"
Artrouaez vous traditiouns
par Jean-Philippe Joly
NORMANDS, dans la série retrouvez vos traditions, voici LES AGUIGNETTES (hoquignonnes en centre Manche et hoquignanés en Bessin) une tradition issue du moyen âge. Pour plus de précisions et les écouter : "Aguignettes", dans le CD "La louerie" (Magène), le premier CD de la Loure ou le CD Héritage Normand. Il n'y a pas si longtemps, les petits normands allaient de porte en porte et demandaient au jour de l'an qu'on leur donne des aguignettes (des étrennes) sinon : Aguignette ma marraine Donnez mé du pain, d'la crème Si vous n'voulez m'en donner Quat'fourquettes dans vot' gosier Aguignolo Ou encore, proche du traditionnel, " la part à Dieu " se chantant plus pour la quête faite aux rois : Aguignette la maitresse La maitresse du logis Donnez nous vos aguignettes Si ça vous fait plaisir Nous prions Dieu pour elle Pour elle et son mari Qu'elle aille en Paradis Mais aussi : Aguignette à Tartelette J'ai des miettes dans ma pouquette Pour donner à vos poulettes Pour qu'elles pondent des gros œufs… Si vous les casser, vous retournerez au poulailler Aguignolé Aguignette aguignon Donnez mei un gros quignon Si le couteau veut pas rentrer Baillez mei le pain tout entier Aguignolo Comme souvent, nous avons été prompts à prendre à l'extérieur ce que nous avions chez nous (Hallowen) ! Après être passés par toutes les maisons, en commençant par le curé, la joyeuse compagnie allait chantant joyeusement, éclairée par des lampions. Et, bien sûr, on dégustait les gâteaux décrits dans notre rubrique "recettes" et dont le nom est identique : les aguignettes. |